Entre tourisme, balade sportive et chasse au trésor saupoudrée d’high tech, voici le « geocaching ». Énième anglicisme se tapant l’incruste dans la langue de Molière (la chose est née aux USA), la pratique emmène le promeneur à la découverte d’endroits ou de monuments parfois oubliés des guides touristiques. Ça frémit dans le Cambrésis. Rencontre avec deux pionniers.

PAR FABIEN BIDAUD

cambrai@lavoixdunord.fr PHOTOS « LA VOIX »

Léger sac à dos, chaussures de marche, stylo et smartphone dans la pogne : Pierre Descamps est prêt à aller déterrer une « cache ».

Direction le cimetière Notre-Dame, à Cambrai. Bip ! bip !, le petit bijou high tech nous mène jusqu’à la tombe du père du plus célèbre Cambrésien, Louis Blériot. Il ne nous faut pas cinq secondes pour aviser la petite bassine retournée derrière la sépulture contenant une boîte en plastique. Normal : c’est Pierre qui l’a planquée. À l’intérieur, un stylo, un rouleau de papier et deux ou trois babioles. On vient de découvrir notre première cache.

Né il y a une dizaine d’année outre-Atlantique, le geocaching perce en France depuis un peu plus d’un an. Derrière un quarteron d’initiés, le Cambrésis commence à clignoter dans les radars GPS. Entre jeu de piste et balade (parfois) sportive, l’idée est de faire découvrir un lieu hors des sentiers battus, aussi bien en ville qu’en pleine nature. On dissimule une « cache » (une boîte en plastique ou, par les cache citadines, un « aimant » de la taille d’un dé à coudre) avec quelques objets sans valeurs et un carnet rappelant les règles du jeu et permettant de recevoir l’autographe des « trouveurs ». « En faisant bien attention de ne pas dégrader les lieux », précise Pierre. Deuxième règle d’or : bien dissimuler la cache pour éviter qu’une main étrangère au jeu ne la sape. Il ne reste plus qu’à indiquer sur le site internet (voir ci-dessous) les coordonnées GPS de l’endroit et la chasse peut démarrer. Pierre a semé une petite dizaine de « trésors » à Cambrai et alentours. Dans des endroits déjà repérés (les portes de Paris ou Notre-Dame) ou des lieux plus insolites (au pied des pierres jumelles, deux menhirs monolithes enterrés). C’est son frère arrageois qui l’a mis au parfum. « Au départ, je faisais ça pour passer le temps, puis je me suis pris au jeu », dit celui qui « chasse » avec son fiston de 10 ans. Il a ainsi mis le pied sur des territoires insoupçonnés. « Je ne pensais pas, par exemple, qu’on pouvait grimper sur un terril. Je viens de faire celui de Loos-en-Gohelle. Là-haut, c’est magnifique ! »

Devinettes

Les « caches » peuvent être moins prestigieuses. C’est le créneau de Guillaume Lisicki, 25 ans, qui planque notamment sur les terres agrestes de Vertain, près de Solesmes. « Ici, la difficulté, c’est qu’il n’y a rien qui vaut le détour. » Rien a prio ri. Car celui qui travaille chez Alstom Petite-Forêt a déniché quelques endroits qui ravira le promeneur. Comme ce « Chemin des libellules » en bord de ruisseau, belle promenade au milieu des pâtures. Et quand le « prétexte physique » n’est pas à la hauteur, le jeune homme pimente l’affaire en offrant à la sagacité des flâneurs une série d’énigmes dignes d’Indiana Jones menant aux coordonnées GPS de la cache. À Valenciennes, il propose ainsi un parcours de 36 devinettes. En contrepartie, il profite des caches de ses coreligionnaires, notamment durant ses vacances. « Avant de partir, je regarde s’il y en a sur le trajet. Comme ça, au lieu de faire une pause sur le bord de la route, on va chercher une cache. » Dans le Ternois, notamment, l’office de tourisme s’est associé à une association locale en mettant à disposition des GPS pédestres. Rien de tel pour l’instant dans le Cambrésis, où l’office a juste « entendu parler » du geocaching. •

Les rédactions de La Voix du Nord la Voix du Nord