Voilà maintenant plus d’une décennie que les géochercheurs/cacheurs opèrent, en secret, partout autour du globe. Leur communauté ne cesse d’augmenter. Ils peuplent nos villes et nos campagnes. Ils y sèment d’étranges petites boîtes (dans lesquelles on ne trouve rien ou pas grand-chose) ou bien arpentent sans relâche un petit bout de terrain en regardant par terre et dans les arbres de façon suspecte. Bref, ils sont parmi nous… Qui sont-ils ? Que font-ils ? Que cherchent-ils frénétiquement ? Que cachent-ils si précieusement ?
Si vous êtes un moldu(comprenez une personne non-initiée au concept du géocaching) les mots : caches, géoplaceurs, géocacheurs, géochercheurs et les acronymes : FTF(First to Fins)ou RPRL (Rien Pris Rien Laissé) vous sont inconnus. Le géocaching est pourtant ouvert à quiconque a en sa possession un GPS, du temps à perdre et envie de le passer à l’extérieur à chercher un trésor sans valeur. Ces trésors dissimulés sont appelés « caches ». Celles-ci prennent la forme de boîtes : plastiques ou métalliques …. Elles sont nombreuses et réparties partout dans le monde.À la campagne (le petit village de Pont en Côte d’Or, 90 habitants, possède à lui seul 2 caches) comme en ville (Sao Paulo en recèle 17), au milieu de la forêt de Brocéliande comme au sommet du volcan Pacaya du Guatemala, à proximité d’un monument historique à (re)découvrir ou perdu au milieu de la lande écossaise…ces caches nous font voyager. Le phénomène s’appuie sur une gigantesque communauté de géocacheurs et géoplaceurs qui se chargent de dissimuler les caches et de mettre en ligne leurs coordonnées GPS. Puis c’est aux géochercheurs de les trouver.

Pour participer à l’engouement, il suffit de se créer un compte sur le site internet : Geocaching.com. L’inscription est gratuite et sans engagement. Les portes du géocaching s’ouvrent alors à vous. Entrez le nom de la ville que vous voulez inspecter, on vous envoie ensuite les coordonnées GPS de la cache la plus proche. Il ne vous reste plus qu’à vous y rendre et chercher la-dite cachette. Une fois celle-ci trouvée qu’y gagne-t-on ? Rien sinon un fier sentiment de réussite. Mais comme le dit Emilie (géochercheuse débutante) « C’est pour le frisson de chercher plus que pour ce qu’on trouve qu’on le fait. En plus, ça permet de se promener dans des endroits qu’on ne connait pas ». L’heureux trouveur, l’Indiana Jones de la campagne bordelaise, l’aventurier du fief de Saint-Jean-Pied-de-Port, le chercheur de caches, ouvre alors la petite boîte tant désirée, inscrit son nom ou pseudonyme sur la liste déposée à l’intérieur et la remet à sa place.

 

Pour les spécialistes le jeu peut se corser. Il existe en effet des caches plus difficilement accessibles qui nécessitent une randonnée, de l’escalade, une descente en rappel voire même un bateau. Certaines ne sont visibles que la nuit (à la lumière d’une torche électrique). Les coordonnées GPS d’autres ne sont données qu’après avoir trouvé la solution à une énigme.


Un code éthique est suivi. Ici, on prône une attitude responsable et respectable. Prière de ne pas divulguer l’emplacement de la cache trouvée, prière de ne pas dégrader les lieux alentours, chaque objet (souvent des babioles) pris dans la cache doit être remplacé par un autre, etc. Des règles simples scrupuleusement respectées par la communauté des cacheurs/chercheurs.

Plus de 400 volontaires assurent le bon fonctionnement du concept. Les reviewers sontdes géocacheurs bénévoles qui vérifient la véracité des coordonnées des nouvelles caches proposées par les autres géoplaceurs, publient leurs coordonnées et surveillent le devenir de la cache. Les modérateurs participent aux discussions sur les forum et guident les débutants. Il y a également des traducteurs (pour traduire les sites internet en différentes langues).
Les fans d’Harry Potter y voient une chasse aux Horcruxes, ces objets renfermant des morceaux d’âme de (n’ayons-pas-peur-de-prononcer-son-nom) Voldemort. D’autres se retrouvent plongés dans un jeu de piste leur rappelant les goûters d’anniversaire enfantins, quelques-uns s’imaginent marcher sur les traces de La Buse, le célèbre pirate français dont le trésor n’a toujours pas été trouvé (avis aux amateurs). Les passionnés de randonnées pimentent leur balade d’une recherche, les doux rêveurs découvrent une région en s’imaginant chasseurs de trésor, les compétitifs se lancent dans une course effrénée aux caches, enfin parents et enfants passent tout simplement une belle après-midi familiale.


Si tu sais suivre à la trace, chercher, inspecter
Sans rechigner ni pleurer
Si tu préfères la recherche à la découverte
Si tu peux être patient, tenace et discret
Quand la cache à toi ne se dévoile pas,
Si tu peux taire l’endroit et garder un secret
Malgré la volupté d’avoir enfin trouvé

Alors, tu seras un Géochercheur, mon ami…


1 Terme employé par la communauté du géocaching pour désigner les non-initiés. Terme choisi en référence au livre Harry Potter, dans lequel « moldu » indique les personnes non-sorcières.

 

Paru le 13/11/2012 dans les blogs du Monde